Dans le cadre de la célébration de la 9ème Journée Africaine de la Médecine Traditionnelle, le 28 septembre 2011 l’Organisation non gouvernementale Aide au Développement de la Médecine Traditionnelle (Aidemet Ong) et la Féderation Malienne des Thérapeutes traditionnels et Herboristes (FEMATH) ont animé une conférence de presse sur le thème : « Importance des thérapeutes et herboristes traditionnels dans la sauvegarde et la culture des plantes médicinales ». Le but était de mettre en exergue la contribution des acteurs de la médecine traditionnelle à la protection et à la domestication des plantes médicinales.
La conférence de presse s’est déroulée sous la présidence du Dr Minkaïla Maïga, qui représentait l’OMS. Dans son allocution d’ouverture, il a affirmé : « Le thème de la journée africaine de médecine traditionnelle de cette année est : La conservation des plantes médicinales : héritage africain. Dans ce cadre, les thérapeutes traditionnels s’engagent dans la préservation des ressources naturelles, contribuant ainsi à l’adaptation de l’environnement aux changements climatiques. Cette action est de haute importance pour l’ensemble du système de santé ».
Dans son discours, M. Mohamed Fall, Président de la FEMATH, a affirmé : « Actuellement la FEMATH regroupe 125 associations de toutes les régions du Mali. Dans ce cadre, nous avons recensé plus de 5.000 thérapeutes traditionnels et herboristes. Les activités de médecine traditionnelle reposent sur les plantes médicinales. Pour cela, les acteurs de la médecine traditionnelle s’orientent de plus en plus vers la protection et la culture des plantes médicinales, tout en s’engageant dans leur exploitation contrôlée et utilisation rationnelle. Certaines associations ont déjà commencé la culture des plantes médicinales, tandis que d’autres disposent de terrains pour leur protection et réintroduction ». En conclusion, M. Fall a souligné : « L’intérêt des thérapeutes traditionnels pour la sauvegarde des plantes médicinales est évident, car, s’il n’y aura plus de plantes médicinales, il n’y aura non plus de médecine traditionnelle ».
Cette année, la conférence de presse a été organisée en partenariat avec la jeune association Mali Ko, dont l’objectif est la promotion des valeurs socioculturelles et des traditions positives auprès de la jeunesse malienne. M. Idrissa Dicko, représentant de Mali Ko, a dit : « La valorisation de la médecine traditionnelle est un des objectifs de Mali Ko. Donc, le thème d’aujourd’hui est aussi le notre. Nous sommes par ailleurs convaincus que pour un développement durable du Mali il faut une alliance forte entre tradition et modernité ».
Ensuite, le Dr Sergio Giani, Chargé des Programmes de Aidemet Ong, a présenté deux exemples concrets d’implication des Associations des Thérapeutes Traditionnels dans la sauvegarde et la domestication des plantes médicinales, notamment à Bandiagara, grâce à l’appui de l’Ong Terra Nuova et de la Coopération Italienne, et à Kadiolo, grâce à la Coopération Suisse et à d’autres partenaires. Le Dr Giani a affirmé : « Les thérapeutes traditionnels se sont engagé avec efficacité et enthousiasme dans les activités des deux projets. Les résultats escomptés ont été atteints et même dépassés. La disponibilité des thérapeutes traditionnels à s’impliquer dans les activités de protection et de régénération des espèces médicinales menacées d'extinction et de promotion de la diversité biologique n’est plus à démontrer, car ils sont culturellement et professionnellement intéressés à la sauvegarde et à l’exploitation durable des plantes médicinales ».
Le Prof. Rokia Sanogo, Présidente de Aidemet Ong, a présenté les expériences d’appui aux femmes herboristes : « A partir de l’année 2005, en partenariat avec l’ATTHB-Kεnεya Iriwaton, Aidemet Ong a lancé la campagne d’adoption d'une herboriste, qui a permis de fournir à plus de vingt-cinq herboristes de Bamako, en majorité femmes, des kiosques pour la vente des plantes médicinales. La fourniture des kiosques a été accompagnée par des activités de formation et suivi. Le financement a été assuré par différentes organisations : AEMETRA (Italie), Hope Fondation (Suisse) et la Société Française d’Ethnopharmacologie ». Le prof. Sanogo a continué : « Actuellement, Aidemet Ong est en train de mener, avec le support de la Coopération Italienne, à travers l’UNOPS, une recherche-action sur l’autonomisation économique et empowerment des femmes par la valorisation des savoirs locaux sur les plantes. La Coopération Italienne, toujours à travers l’UNOPS, est en train d’appuyer aussi les femmes herboristes adhérentes à la FEMATH. Globalement, autres 40 nouveaux kiosques et d’autres matériels de travail sont en train d’être mis à la disposition des femmes herboristes de Bamako et de Ségou, avec l’accompagnement d’activités de formation ciblées et de fonds autogérés de micro-crédits ». En conclusion : « Les femmes herboristes ont su s’adapter aux défis de l’urbanisation et de la monétarisation. Elles répondent ainsi à une demande sociale et assurent une disponibilité de proximité des plantes médicinales aux populations des villes à des prix très abordables, tout en générant des revenus qui sont investis à support de l’économie familiale, en premier lieu pour faire face aux dépenses de santé, d’alimentation et d’éducation des enfants ».
La conférence de presse a été organisée avec l’appui technique et financier du Bureau de la Coopération Suisse au Mali, conformément au mandat confié à Aidemet Ong le 09 juillet 2010. Il s’agissait de développer le dialogue politique national pour la prise en compte des ressources de la médecine traditionnelle dans le renforcement des systèmes locaux de santé et le développement local.
Bamako, octobre 2011
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